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Marion au USA

Retrouvez mon discours prononcé au CPAC 2018

Marionusa

« Aujourd’hui, je suis venue honorer 240 ans d’amitié. Notre amitié a commencé il y a longtemps, avant les plages de Normandie et les tranchées de Belleauwood, où l’écho de la bravoure de vos soldats résonne encore. Notre alliance est formée par la quête commune de la liberté. Mon pays, la France, fut la première à reconnaître votre indépendance. Ce fut avec le sang français, répandu sur le sol américain, que commença notre amitié. Aujourd’hui, plus de deux siècles plus tard, ici à la CPAC, nous nous tenons à nouveau côte à côte dans une autre bataille pour la liberté.

Cette liberté est un bienfait. Libertés économiques et politiques, liberté d’expression, liberté de conscience sont nos trésors communs. Après 1500 ans d’existence, c’est nous, Français, qui devons à présent nous battre pour notre indépendance. Non, la France n’est aujourd’hui plus libre. Les Français ne sont pas libres de choisir leur politique, qu’elle soit économique, monétaire, migratoire ou même diplomatique. Notre liberté est dans les mains de l’Union européenne.

Cette Union européenne n’est pas l’Europe. C’est une idéologique qui ne sait que regarder vers l’avenir tout en souffrant d’amnésie historique. Une idéologie hors-sol, sans peuple, sans racines, sans âme et sans civilisation. L’UE est en train de lentement tuer des nations millénaires. Je vis dans un pays où 80% – oui, vous avez bien entendu – 80% des lois sont imposées par l’UE. La seule fonction de notre Assemblée est aujourd’hui de valider des lois faites par d’autres.

Que je sois claire : je ne suis pas offensée lorsque j’entends le président Trump dire « America First ». En fait, je veux que l’Amérique passe en premier pour les Américains. Je veux l’Angleterre pour les Anglais. Et je veux la France pour les Français !

C’est pourquoi je me bats pour que la diplomatie française conserve son rôle unique, de lien entre l’Est et l’Ouest. Une longue histoire nous a permis de former des liens privilégiés avec l’Afrique, la Russie, l’Asie et le Moyen-Orient. Nous devons être capables de garder les capacités de décider pour nous-mêmes sur les sujets militaires et diplomatiques. Nos forces sont complémentaires.

Comme vous, si nous voulons que la France redevienne grande, nous devons défendre nos intérêts économiques dans la globalisation. L’UE nous soumet à une concurrence déloyale face au reste du monde. Nous ne pouvons accepter un modèle qui produit des esclaves dans les pays en voie de développement et des chômeurs en Occident.

Je refuse le monde standardisé proposé par l’UE. Je considère que les peuples ont le droit à une continuité historique.
Ce que je veux, c’est la survie de ma nation, être capable de transmettre, pas seulement mon héritage matériel mais aussi mon patrimoine immatériel.
Les jeunes Français ne sont pas encouragés à découvrir et à aimer cet héritage culturel. On leur fait subir un lavage de cerveaux, à base de culpabilité et de honte de leur pays.

Le résultat, c’est le développement d’une contre-société islamiste en France.

Après 40 ans d’immigration massive, de lobbies islamiques et de politiquement correct, la France est en train de passer de fille aînée de l’Église à petite nièce de l’islam. Et le terrorisme n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce n’est pas la France pour laquelle nos grands-parents se sont battus.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Parce que l’UE et la France ont oublié un point crucial : « pour s’ouvrir à l’autre, il faut un cœur ferme ; pour accueillir, il faut rester, et pour partager il faut avoir quelque-chose à offrir[RBEJ1] ».

Dans cette perspective, le modèle de société que nous portons est basé sur une conception de l’humain enraciné dans sa mémoire collective et sa culture partagée.

Sans nation et sans famille, le bien commun, la loi naturelle et la morale collective disparaissent cependant que perdure le règne de l’égoïsme.

Même les enfants sont devenus une marchandise ! Nous entendons dans le débat public « nous avons le droit de commander un enfant sur catalogue ». « Nous avons le droit de louer le ventre d’une femme ». « Nous avons le droit de priver un enfant de mère ou de père ». Non, vous ne l’avez pas ! Un enfant n’est pas un droit.

Est-ce cela, la liberté que nous désirons ? Non, nous ne voulons pas de ce monde atomisé de l’individu sans genre, sans père, sans mère et sans nation.

Que voulons-nous alors ?
Comme vous, je veux retrouver mon pays !

Je suis venu vous dire qu’il y a aujourd’hui une jeunesse prête pour cette bataille en Europe : une jeunesse qui croit au dur labeur, qui croit que ses drapeaux signifient quelque-chose, qui veut défendre les libertés individuelles et la propriété privée. Une jeunesse conservatrice qui veut protéger ses enfants de l’eugénisme et des délires de la théorie du genre. Une jeunesse qui veut protéger ses parents de l’euthanasie et l’humanité du transhumanisme.

Comme la jeunesse américaine, la jeunesse française est héritière d’une grande nation. À qui beaucoup est donné, et de qui beaucoup est attendu.

Notre combat ne doit pas être seulement électoral : nous devons diffuser nos idées dans les médias, la culture et l’éducation, afin de stopper la domination des libéraux et des socialistes.

C’est pourquoi j’ai récemment lancé une école de management et de sciences politiques. Le but ? Former les chefs de demain. Ceux qui auront le courage, le discernement et les techniques pour défendre les intérêts de leur peuple.

Le défi est gigantesque, mais les 2 années qui viennent de s’écouler ont montré une chose : ne sous-estimez jamais le peuple ! Une bataille qui n’est pas menée est déjà perdue.

Le Brexit au Royaume-Uni, Manif pour tous en France, et, bien sûr, l’élection de Donald Trump prouvent une chose : quand les peuples ont l’opportunité de reprendre leur pays, ils la saisissent !

Par votre action et votre talent, vous avez réussi à remettre le conservatisme en priorité dans l’agenda politique. Construisons sur ce que vous avez accompli ici, afin que des deux côtés de l’Atlantique un agenda conservateur domine.

Je termine par une citation de Malher que j’aime particulièrement. Une citation qui résume le conservatisme moderne : « La Tradition n’est pas la vénération des cendres, mais la transmission de la flamme. » Vous fûtes l’étincelle. C’est maintenant à nous de nourrir la flamme conservatrice dans notre pays.

Vivent les nations libres, vivent les peuples libres et longue vie à l’amitié franco-américaine.

Merci. »

Une intervention à la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC) à Washington; une tribune dans le très réactionnaire hebdomadaire Valeurs Actuelles pour annoncer la création d’une Académie des Sciences Politiques, Marion Maréchal-Le Pen est bel et bien de retour sur le devant de la scène médiatique.

Marion Maréchal-Le Pen © Kevin Lamarque Marion Maréchal-Le Pen

La bataille entre Laurent Wauquiez et Marine Le Pen s’annonçait violente. Au couteau. L’un des deux était appelé à périr, à disparaître du champ et du jeu politique. Il ne pouvait en aller autrement puisque le président de LR et la cheffe du Front National - parti appelé à être re-baptisé dans les jours qui viennent - se disputent désormais le même électorat, celui de la France dite « périphérique », celui des classes qualifiées de « moyennes »; ils se réclament l’un et l’autre d’une idéologie quasi-similaire construite autour du concept de « droite identitaire » - l’Europe, l’Islam et les (fausses) valeurs progressistes détruisant l’âme française. Ce « monstre » idéologique efface pour l’essentiel l’héritage de cette droite républicaine, complexe et multiple, gaulliste mais aussi centriste, à la fois libérale et étatiste, qui émergea après la Libération et accompagna le destin de cinq présidents, de Gaulle, Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy, oui, même Sarkozy.

En s’alignant sur Marine Le Pen et les principes cardinaux du Front National, Laurent Wauquiez tourne une page de notre histoire en 5ème République, abandonnant délibérément à Emmanuel Macron les électeurs de la droite modérée. Sa démarche exigerait qu’ensuite il efface Marine Le Pen, de l’avis général fort mal en point et peut-être même discréditée à jamais. C’était sans compter sur une autre Le Pen, Marion Maréchal-Le Pen et son tonitruant retour sur la scène publique. Voilà qui complique le pas de deux Laurent Wauquiez/Marine Le Pen avec tôt ou tard élimination directe. Un trublion de première importance est en effet revenu en jeu.

 

Créer une Académie des Sciences Politiques

Une intervention à la Conférence d’action politique conservatrice (CPAC) à Washington; une tribune dans le très réactionnaire hebdomadaire Valeurs Actuelles pour annoncer la création d’une Académie des Sciences Politiques afin de contrecarrer l’influence par définition gauchisante et donc pernicieuse de la très réputée école des Sciences Politiques. L’objectif de cet ambitieux projet? Idéologique et politique, « former les dirigeants de demain, le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver» selon, cela va de soi, les « vraies »et « bonnes » valeurs. Remarquons que seuls des gogos - ou des complices, c’est au choix - peuvent s’obstiner à prétendre que de la sorte, Washington+Valeurs Actuelles, Marion Maréchal Le Pen ne « revient pas en politique ». Non d’ailleurs, elle ne se contente pas de « revenir »; elle court, elle galope, mais selon une méthode, une démarche... macronienne. Finie, la case parti, congrès et élections locales - elle admet avoir été « déçue par le FN »; terminé, le passage impératif par les arcanes et les bidouillages du Front National; place à une démarche strictement nationale et internationale, idéologique et culturelle pour inventer de toutes pièces une droite à la fois conservatrice, identitaire et... libérale... en économie. Un tour de force tant ces différents concepts semblent éloignés, antinomiques, l’un de l’autre. À cet égard, le discours de Washington, prononcé dans un bon anglais, aussi bref que construit, servira de construction originelle. Comme un avertissement lancé à sa tante et à Wauquiez. Comme un acte de candidature. À quoi? Au leadership sur la droite française. Rien d’autre et rien que ça!

D’abord un slogan: « La France d’abord ». Un emprunt au «trumpisme » le plus basique, et Marion Maréchal Le Pen assume - ce qui n’est pas le cas de Wauquiez lequel minaude encore à l’évocation du chef d’état américain. « Je ne suis pas choquée, assène la revenante, lorsque j’entends votre président parler de « l’Amérique d’abord ». Je veux la « France d’abord » pour le peuple français. Comme vous, nous voulons reprendre le contrôle de notre pays ». C’est donc que les Français ont été dépossédés de leur pays. Un vol. Qui sont les coupables de ce fric frac? Marion Maréchal Le Pen va aussitôt le préciser.

Ensuite, une cible: l’Union Européenne, cela va de soi, nulle surprise. Mais il est indispensable de lire, commenter et retenir les commentaires, d’un nationalisme intégral, d’un radicalisme ne laissant aucune place à la moindre nuance: « nous, les Français, nous devons maintenant lutter pour notre indépendance. Notre liberté est entre les mains de l’Union Européenne, une idéologie sans terre, sans peuple, sans racines, sans civilisation. L’Union Européenne est une tueuse de nations millénaires ». Le retour à la tradition rhétorique de l’extrême droite la plus affirmée, un copié-collé des thèses du royaliste et antisémite Charles Maurras que Marion Maréchal-Le Pen a lu avec beaucoup d’attention, nous pouvons désormais en avoir la certitude.

 

« Grand remplacement »

Enfin, une obsession: l’Islam et la reprise à son compte de la construction du « grand remplacement », conceptualisée par l’écrivain d’extrême-droite Renaud Camus. Sur le sujet, elle cogne comme un sourd même si la formule utilisée devant un auditoire américain par avance conquis a été préparée, travaillée, articulée avec le plus grand soin afin de ne pas susciter l’opprobre ni le scandale: « la contre-société islamique se développe en France. Après 40 ans d’immigration incontrôlée, nous sommes en train de passer de fille aînée de l’Eglise à petite nièce de l’Islam ». Le pas (théorique) est franchi et ce, sans la moindre gêne: Marion Maréchal Le Pen n’alerte pas quant aux dangers de l’islamisme. Elle choisit de le confondre avec l’Islam tout en dénonçant l’immigration. Jihadiste-islamiste-musulman-immigré: tous se confondent, tous entendent s’emparer de cette France perdue aux racines jadis chrétiennes. Islam-islamisme: seuls les pleutres peuvent s’entêter à relever une différence. Marion Maréchal-Le Pen, elle, ne se prête pas à ces« combinazione » tortueuses. L’Islam et les musulmans: voila l’ennemi prioritaire.

Au sujet de l’Europe et de l’Islam, nulle divergence entre Marion Maréchal-Le Pen et Marine Le Pen. Plus important, décisif peut-être, elles sont désormais bien ténues, ces divergences, entre la « revenante » et le président de LR, même si celui-ci, encore embarrassé de quelques rares alliés gaullistes, démocrates-chrétiens ou même humanistes, s’oblige à faire preuve de davantage de retenue. Il lui faut encore ménager Valérie Pécresse et les élus « modérés » qui soutiennent sa démarche interne à LR. Mais pour combien de temps encore? Le Wauquiez de droite extrême s’affirmera d’autant plus vite qu’il ne peut prendre le risque de laisser libre à Marion Maréchal Le Pen le terrain idéologique et culturel - celui qui permet à la jeune femme de faire la différence. Quand elle prétend « faire l’alliance de la droite enracinée et de la droite entrepreneuriale », elle déborde pour le coup ses deux rivaux.

Libérale en économie, pro- marché, favorable aux patrons et aux entrepreneurs... C’est ainsi que Marion Maréchal Le Pen se définit pour mieux se différencier et prendre de vitesse ses deux concurrents. Ainsi se dégage-t-elle sans la moindre retenue de la ligne « sociale » du FN, tournant la page Philippot; ainsi contraint-elle Wauquiez à bientôt se positionner, à choisir entre la ligne Calmels (la numéro 2 de LR défend un libéralisme économique de bon aloi) et la ligne Peltier (le numéro 3 de LR adopte volontiers des accents marxisto-mélenchoniens...), positionnements strictement incompatibles. 

Un discours, une tribune: Marion Maréchal-Le Pen ringardise davantage encore Marine Le Pen.

Un discours, une tribune: Marion Maréchal-Le Pen confronte Laurent Wauquiez à ses contradictions.

Pas mal pour une débutante.

Pas mal pour une revenante.

Date de dernière mise à jour : 25/02/2018

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